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cure, fut troublé, par nombre de gens se disans de la paroisse, en la prise de possession d'icelle, disans pour toutes raisons qu'ils vouloient un curé qui prêchât à leur dévotion pour la Ligue. De fait, ils chassèrent ledit Le Geay, l'appellant huguenot, comme leur feu curé; et nommèrent Pigenat, un des six prédicateurs gagés de la Ligue, qui en demeura paisible possesseur. Autant en firent-ils à Saint-Gervais, rejettans Michel Du Buisson, à qui la cure avoit été résignée par le petit curé Chauveau vivant : y installant sans autre formalité Lincestre, tliéologien gascon, qui ne fit conscience de l'accepter, se montrant aussi jjpflgfeme de bien «fue Pi­genat. Le Roy ayant entendu t'dfcs ces beaux ménages, dit que les Parisiens étoient roys et papes; et que qui les voudroit croire, ils disposeroient de tout le spirituel et temporel de son royaume.
Le dimanche 16 d'octobre, le Roy à Blois ouvrit la premiere séance des Etats (0. Après lui, parla le garde des sceaux de Montholon, puis l'archevêque de Bour­ges pour le clergé ; le «eigneur de Senneçay pour la
(-) La premiere séance des Etats : Estienne Pasquier ( lettre i da Ime i3), qui étoit aux Etats, s'exprime ainsi qu'il suit sur la harangue dn Roy : « Le Roy a fait une belle harangue au peuple, pour lui faire « paroitre de quelle dévotion il entendoit besoigner à ce rétabbsse-« ment des affaires de son royaume ; mais il ne s'est pû garder de don-« ner une atteinte fort rude à M. de Guise, qui lors étoit séant i ses « pieds, en sa qualité de grand maître : car il a dit que s'il -n'eût été « prévenu et empêché par l'ambition démesurée de quelques siens « subjets, il s'asseuroit que la religion nouvelle eust esté lors tout-a-« fait exterminée de la France. M. de Guise s'en est depuis plaint à loi ; ■ -de sorte que la harangue étant mise en lumiere » cette clause a été « biffée : qui est aucunement guérir la playe qu'il lui avoit faite, mak « non ôter la cicatrice. Quant à moi, toute cette premiere démarche « ne me plaist. Je ne scai quelle sera désormais leur escrime. Adieu. -* De Blois, ce ar novembre 1588. »
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